WALTER TROUT: The Blues Came Callin’ (2014)

Originaire du New Jersey, émigré en Californie, l’ami Walter a croisé sur son chemin John Lee Hooker et Joe Tex. Il a également officié au sein de Canned Heat. Pour les puristes, il a participé à un All Star Tribute consacré à Lynyrd Skynyrd il y a quelques années avec un « Gimme Three Steps » très convaincant. Son dernier album est à la hauteur de la renommée du guitariste. Le disque s’ouvre sur « Wastin’ Away », un blues rock avec un super solo de gratte (de ceux qui ont fait la réputation de l’artiste) et un solo final bien killer. « The World is Goin’ Crazy » déboule sur le même tempo, avec une rythmique différente mais une guitare toujours aussi hargneuse.
« The Bottom of The River » flirte avec le southern country rock (voire avec le southern rock tout court) avec son dobro, son harmonica plaintif et sa Stratocaster saturée à souhait. Ce titre ravira assurément les lecteurs de Road To Jacksonville. « Take a Little Time »,  un boogie rock, met une bonne ambiance pour danser. En écoutant le solo, on a l’impression que Chuck Berry serre la paluche de Stevie Ray Vaughan. « The Whale », un southern blues rock style ABB ou Gov’t Mule, fait mouche avec son solo final d’anthologie.

« Willie » rappelle On The Road Again tant par la construction rythmique que par les arrangements (phrases alternées et harmonisées entre guitare et harmonica). Le solo de gratte déchire à mort !
L’instrumental « Mayall’s Piano Boogie » tient plus du slow swing que du boogie à proprement parler et vaut surtout pour son solo de guitare, même si John Mayall lui-même tapote sur le clavier. « Born in the City » nous fera immanquablement penser à “Back In The Alley » de Point Blank. Sur ce titre, Walter a même des intonations à la John O’ Daniel, la puissance vocale en moins. Et sa Strato est toujours aussi impressionnante, alternant déferlantes techniques et feeling indéniable. Un autre instrumental, « Tight Shoes », un rock blues d’inspiration texane, rappelle Freddy King. La guitare de Walter y est tour à tour volubile ou hurlante, et surtout sacrément roublarde en enchaînant tous les plans du Texas Blues Rock.

« The Blues Came Callin’ », écrit par John Mayall, est un blues mid tempo efficace, ornementé d’un solo d’orgue. L’ombre du grand Johnny Winter plane sur le solo de guitare. Walter Trout a tout compris du blues électrique.
« Hard Time », un blues rock instrumental mid tempo, est peut-être le morceau le plus faible du disque. Et encore ! Il faut le dire vite. On dira plutôt le moins passionnant. « Nobody Moves Me Like You Do » tape du côté de la ballade bluesy à la Gary Moore. Et encore une fois, Walter Trout se montre hyper convaincant avec un long solo bourré de technique et de feeling, montrant toute la maîtrise  du bonhomme.

En conclusion, voici un excellent album, jamais ennuyeux, qui dresse un large panorama de la musique que nous apprécions tant. Selon les titres, la guitare de Walter Trout se fait tendre, accrocheuse, sentimentale, agressive ou carrément géniale ! Bon, j’arrête. J’ai épuisé les ressources du Petit Larousse. On va faire court. Avec ce disque, l’ami Walter a frappé un grand coup ! Et dire qu’il est en attente d’une greffe du foie… Tiens le coup, Brother !!!

Olivier Aubry